LPP
La prévoyance professionnelle
Qu’est-ce que le 2ème pilier ?
La LPP, ou Loi fédérale sur la prévoyance professionnelle vieillesse, survivants et invalidité, constitue le 2ème pilier du système de prévoyance suisse. Elle a pour objectif de compléter l’AVS (1er pilier) afin de garantir aux assurés un revenu suffisant pour maintenir leur niveau de vie à la retraite, en cas d’invalidité, ou en cas de décès. La LPP est obligatoire pour tous les salariés dont le revenu annuel dépasse un seuil défini par la loi. En 2025, ce seuil est fixé à 22’680 CHF.
Les cotisations LPP sont partagées entre l’employé et l’employeur. L’affiliation débute dès 18 ans pour les risques liés au décès et à l’invalidité, et dès 25 ans pour la constitution de l’épargne vieillesse. Cette base légale permet d’assurer une continuité dans la couverture sociale des actifs tout au long de leur carrière.
Composition du 2ème pilier
La prévoyance professionnelle suisse repose sur deux niveaux. La partie obligatoire couvre les revenus compris entre le salaire minimum d’affiliation et le plafond légal de 90’720 CHF. Seul le salaire coordonné est pris en compte, calculé en soustrayant une déduction de coordination (actuellement 26’460 CHF) au salaire brut. Cela signifie qu’un salarié touchant 60’000 CHF par an cotisera sur une base de 33’540 CHF.
Au-delà du plafond, les caisses de pension peuvent proposer une couverture sur-obligatoire. Cette partie facultative permet d’assurer un revenu plus élevé, d’améliorer les rentes futures ou de bénéficier de conditions avantageuses. Le régime sur-obligatoire est défini par l’institution de prévoyance et n’est pas strictement encadré par la loi, ce qui permet une grande flexibilité, notamment pour les hauts revenus ou les entreprises souhaitant offrir de meilleures prestations.
La fiscalité à la retraite
Lors du départ à la retraite, l’assuré peut choisir entre percevoir son avoir LPP sous forme de rente mensuelle ou de capital unique. Si le capital est retiré, il est imposé séparément à un taux préférentiel, selon un barème distinct de l’impôt sur le revenu. Ce taux est progressif, mais reste bien plus avantageux qu’une imposition ordinaire. Le calcul dépend du canton de résidence et du montant retiré.
En revanche, si l’assuré opte pour une rente LPP, celle-ci est soumise à l’impôt sur le revenu, au même titre qu’un salaire. Cela signifie qu’elle est ajoutée au revenu imposable annuel et soumise au barème progressif de l’impôt sur le revenu du canton de résidence. Plus le revenu total est élevé, plus le taux d’imposition appliqué à la rente peut l’être également. À la différence du capital retiré, la rente est imposée chaque année jusqu’au décès, ce qui peut représenter une charge fiscale significative sur le long terme. Ce choix doit donc être mûrement réfléchi en tenant compte de la fiscalité à long terme, de l’espérance de vie, des besoins en liquidité immédiate, du patrimoine global et de la stratégie successorale de la personne concernée.
Le rachat LPP : un outil de prévoyance et d’optimisation fiscale
Le rachat d’années de cotisation LPP est une opération qui permet de combler des lacunes de prévoyance professionnelle, par exemple après une période de chômage, un passage à temps partiel ou une interruption de carrière. Ce rachat est entièrement déductible du revenu imposable, ce qui en fait un outil d’optimisation fiscale puissant.
Cependant, certaines règles doivent être respectées. Si l’assuré a déjà retiré une partie de son avoir LPP pour financer un logement principal, il doit d’abord rembourser ce retrait avant de pouvoir effectuer un nouveau rachat déductible. Par ailleurs, en cas de rachat, il est interdit de retirer le capital dans les trois années qui suivent, que ce soit pour le logement ou la retraite.
Le montant rachetable est indiqué sur le certificat LPP fourni par l’institution de prévoyance. Ce montant évolue chaque année en fonction de l’âge, du salaire assuré et de l’historique de cotisation.
Sortie anticipée du 2e pilier : cas autorisés
Il est possible de retirer tout ou partie de son capital LPP avant la retraite, mais uniquement dans des cas bien définis par la loi.
Acquisition d’un logement en propriété à usage propre (ou remboursement d’une hypothèque sur ce logement).
Démarrage d’une activité indépendante.
Départ définitif de Suisse, bien que la part obligatoire soit bloquée si l’on part dans un pays de l’UE/AELE
Perception d’une rente AI entière.
Chaque retrait anticipé réduit les prestations futures de retraite et peut être soumis à l’impôt. Il est donc important de consulter un conseiller en prévoyance pour évaluer les conséquences financières et fiscales.
Protection en cas d’invalidité et de décès
La LPP protège également en cas d’invalidité ou de décès. En cas d’invalidité reconnue par l’AI, une rente d’invalidité LPP est versée, en complément de la rente AI du 1er pilier. En cas de décès, une rente est versée au conjoint ou au partenaire, ainsi qu’aux enfants mineurs ou étudiants. Certaines caisses permettent aussi de désigner un concubin comme bénéficiaire, si une clause spécifique a été signée.
Rendement et taux de conversion : impact sur la rente de prévoyance
Le rendement appliqué aux avoirs LPP dans la partie obligatoire est défini par le Conseil fédéral. En 2024, il est de 1.25 %. Dans la partie surobligatoire, il dépend de la performance des placements effectués par la caisse de pension. Le taux de conversion, qui permet de transformer le capital en rente, est actuellement de 6.8 % dans la partie obligatoire. Dans le surobligatoire, il est souvent inférieur, ce qui influence directement le montant de la rente perçue à la retraite.
Le certificat de prévoyance : un document clé à analyser
Chaque année, les assurés reçoivent un certificat de prévoyance. Ce document récapitule le capital accumulé, les prestations prévues à la retraite, en cas d’invalidité ou de décès, ainsi que le montant pouvant être racheté. Il est essentiel de le lire et de le comprendre pour anticiper correctement sa retraite, optimiser ses rachats et ajuster ses choix de prévoyance.
Coordination avec les autres assurances sociales suisses
Les prestations LPP viennent en complément de celles de l’AVS/AI et éventuellement d’autres assurances suisses (perte de gain maladie, assurance collective). Il est essentiel d’analyser l’ensemble de la couverture pour éviter les lacunes ou les doublons. En cas d’invalidité, une couverture LPP insuffisante peut faire chuter le revenu à moins de 60 % du revenu initial, ce qui peut entraîner des difficultés financières importantes.
Conclusion : anticiper sa prévoyance pour mieux sécuriser son avenir
La prévoyance professionnelle via la LPP est un pilier essentiel du système social suisse. Bien qu’elle soit obligatoire, elle comporte de nombreuses subtilités qui méritent d’être comprises, analysées et optimisées. Entre la gestion du capital ou de la rente, les possibilités de rachat, les impacts fiscaux et les stratégies en cas de changement de situation professionnelle, chaque décision peut influencer significativement le niveau de revenu à la retraite.
Comprendre les mécanismes de la LPP permet non seulement de sécuriser son avenir financier, mais aussi de faire des choix avisés en matière de fiscalité, d’investissement et de protection personnelle. Pour tirer pleinement parti de ce dispositif, un accompagnement personnalisé et une planification adaptée sont vivement recommandés.